Une nouvelle vie commence

15h 15 – Allentown :
Aujourd'hui, c'est la première fois que je vais avoir un vrai logement depuis mon arrivée aux Etats-Unis. Enfin, pas vraiment, puisqu'il s'agit d'un squat que le propriétaire me fait payer en liquide, et sous pseudonyme en plus. De cette manière, je n'ai pas besoin de papiers d'identité que je n'ai pas. Toujours plus pratique, surtout dans ma situation actuelle. De toute manière, même si ce n'est pas provisoire, le logement que je convoite semble s'adapter parfaitement à mes besoins. Au pire, il est possible de l'aménager au gré de mes envies. C'est loin d'être un problème.

Ce qui me fait plus peur, c'est le loyer, mais aussi le milieu. J'espère sérieusement que le milieu est passable, ce serait dommage de passer à côté d'un logement qui s'adapte parfaitement à mes besoins. De toutes manière je serai fixé dans quelques instants, tout au plus. J'ai rendez-vous avec le propriétaire, je l'attends sur un parking de Allentown, selon lui à deux pas du squat. Les quelques blocs d'immeubles à proximité ne semblent pas trop délabrés, alors bon, j'espère que je ne tomberai pas sur l'exception qui confirme la règle.

La voiture garée, j'attends dehors, fumant une cigarette. Cette merde me tue à petit feu mais j'en ai besoin, pour décompresser, pour ne pas penser. Voilà quelqu'un qui approche. Serait-ce lui ? Je lui ait dit que je serai à côté d'une Chrysler Fifth Avenue bleu marine, il ne doit pas y en avoir 50, surtout sur ce parking. Enfait, c'est la seule voiture bleu marine. C'est assez marrant d'ailleurs. Il s'approche de moi et me questionne très rapidement, allant droit au but d'une manière qui me plaît.

« Monsieur Vorobey je suppose ? »
« Effectivement, vous devez être monsieur Thompson je suppose ? »
« C'est ça oui. Si vous voulez bien me suivre »

Nous nous mettons en route, sortons du parking, traversons une rue, passons à une autre, pour finalement nous retrouver devant l'immeuble. Il n'a pas l'air trop en mauvais état, ça va encore. Dans cette même rue, une boulangerie, un liquor shop et une pharmacie. Pas comme certaines rues qui ne se composent que d'immeubles. La rue semble assez calme d'ailleurs. C'est parfait.

Nous entrons dans le hall. Pas de sécurité, rien. N'importe qui peut rentrer n'importe quand. Un mal pour bien. Nous montons au premier étage. Pas d'ascenseur. L'immeuble semble en revanche ordinaire, d'ailleurs je me demande s'il s'agit vraiment d'un squat. Nous débouchons sur un long couloir. Nous nous arrêtons devant la porte de la face droite, la deuxième en partant du début. L'homme sort un trousseau de clé, puis ouvre la porte, et me laisse rentrer.

On voit qu'il y a eu un problème, et qu'il a été réaménagé en vitesse il y a pas longtemps. Une entrée très petite, avec une penderie sur la gauche, qui donne sur un couloir menant à gauche sur la salle de bain et les toilettes, et menant tout droit sur la pièce centrale avec cuisine américaine équipée. C'est modeste, mais pas mal pour le prix demandé. Le propriétaire m'explique un peu certaines choses importantes.

« L'appartement avait pris feu il y a trois mois et je l'ai refait faire de manière à en faire un appartement plutôt modeste. Mais la commission immobilière a jugé l'appartement invivable à cause de problèmes de chauffage et d'électricité. L'eau chaude est inaccessible, l'hiver le chauffage ne marche pas et l'électricité coupe à certains moments de la journée, notamment le soir, mais elle revient au bout d'un moment. »
« Combien ? »
« 500 billets par mois. »
« C'est d'accord pour moi »

Me voilà désormais en possession d'un logement. Une nouvelle vie s'apprête à commencer.